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30 Septembre 2018
Avez-vous comme moi remarqué qu'il y avait de moins en moins de moineaux ?
En y regardant de plus près, plusieurs études menées en Europe confirment malheureusement le déclin de la population de passer domesticus, notre moineau domestique. En Grande-Bretagne, celle-ci a chuté de près de 90% dans la première décennie des années 2000. D'autres chutes spectaculaires ont été observées en Allemagne, en Italie, en Finlande, etc.
A Paris, une enquête annuelle du Centre Ornithologique d'Ile de France (CORIF) et de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) montre une baisse de 73% de la population de moineaux entre 2003 et 2016: près de 3 moineaux sur 4 ont donc disparu de la capitale en 13 ans !
Cette enquête utilise la méthode des indices ponctuels d'abondance (IPA). Deux comptages sont réalisés par an, au printemps et à l'automne (le comptage d'automne a finalement été abandonné car il correspondait à une période de dispersion des jeunes moineaux). Des observateurs volontaires se voient affecter des points d'observation précis, sélectionnés de façon aléatoire, sur lesquels ils se postent et comptent les oiseaux qui entrent dans leur champ de vision pendant exactement 10 minutes.
Si les résultats des premières années d'enquête ont montré une relative stabilité de la population, celle-ci a baissé ensuite de façon très nette. Et ce déclin s'observe aussi dans les zones péri-urbaines et rurales ...
Plusieurs causes possibles sont avancées:
- la raréfaction des sites de nidification: les constructions urbaines actuelles comportent souvent de grandes baies vitrées lisses offrant nettement moins de possibilités de nicher que les constructions plus anciennes. De plus, la rénovation des bâtiments nécessite souvent de boucher les cavités qui servaient autrefois de nids aux moineaux.
- la présence d'espèces concurrentes: D'autres oiseaux, comme les pigeons par exemple, entrent en effet en concurrence avec les moineaux pour la nourriture.
- la pollution: L'utilisation de pesticides/herbicides à la campagne comme dans les espaces verts des villes contribue à la mortalité des moineaux, de manière non quantifiée jusqu'ici. Il en est de même de la pollution atmosphérique des centres urbains.
- la présence croissante de prédateurs: Eperviers, chouettes hulottes et faucons jouent un rôle évident dans la mortalité des moineaux mais leur présence en ville serait plutôt un facteur aggravant du déclin de la population de moineaux qu'une cause majeure. En Grande-Bretagne, les chats auraient une part de responsabilité importante dans la hausse de la mortalité des moineaux, mais cela n'a pas été mis en évidence de façon aussi nette en France.
- les maladies: La trichomonose aviaire, une maladie parasitaire qui touche en particulier les pigeons domestiques, se transmet également aux moineaux qui partagent les lieux de vie de ces espèces.
Que faire pour enrayer le phénomène ?
A l'échelle collective, il est bien évident qu'une diminution de l'utilisation des pesticides et la prise de mesures permettant de limiter la pollution atmosphérique seraient bénéfiques à la fois pour nous-mêmes et pour les animaux, dont les moineaux ...
A l'échelle individuelle, on peut aussi favoriser la nidification des moineaux en plantant des haies au jardin, en laissant quelques endroits un peu "sauvages" et touffus où ils pourront s'abriter des prédateurs, ou encore en multipliant les espèces végétales (leur permettant de trouver différentes baies et graines pour se nourrir) et en prenant soin de la terre (un bon compost comporte vers et chenilles ...).
A noter qu'en parallèle du déclin des moineaux observé un peu partout, sa population a augmenté dans certains endroits, comme en Ecosse et au Pays de Galles. Il reste à savoir pourquoi - mais tout n'est donc pas perdu pour nos sympathiques petits "piafs" !
Calixte