Monsieur des Lourdines

"Des bocages creux, des chemins sombres, ça et là le bleu sourire d'une colline, des vallées qui, sous le regard haut perché de vieux hameaux à petits toits de tuiles plates, sentaient l'herbage et le laitage : tel était le pays. 

Il eut été bien difficile de le rejoindre quand, par-dessus les échaliers, il était passé d'un champ à un autre (...) Mais un rien suffisait à arrêter son geste, à fixer son rêve : un coin de ciel dans une flaque, le remuement d'un buisson, la plainte rouillée d'une charrue. Il ne se lassait pas. (...) jusqu'au soir il regardait, écoutait, l'air lui parlait, les nuages passaient au-dessus de sa tête ; il était seul, il était heureux."

Cette longue citation d'Alphonse de Chateaubriand reflète à la perfection le talent de cet auteur du 20e siècle pour décrire la nature et les sentiments qu'elle nous inspire.

Dans son roman Monsieur des Lourdines, paru en 1911 et lauréat du Prix Goncourt la même année, il trace avec délicatesse le portrait d'un gentilhomme campagnard profondément attaché à ses terres du Poitou, qui ne se sent jamais aussi heureux que dans les forêts qui entourent sa demeure. Menacé d'être arraché à cette vie simple par la négligence de son fils, ce dernier déploiera toute son énergie pour sauver son domaine et transmettre son amour de la terre à  son fils.

Grâce des descriptions, choix des mots justes, fluidité du récit, tout est réuni pour passer un bon moment de lecture.

A la lecture de la biographie de l'auteur, ce roman apparaît comme l'œuvre majeure d'Alphonse de Châteaubriand, qui se perdra ensuite en prêtant allégeance aux idéaux du national-socialisme avant d'être condamné à mort par contumace en 1948 et frappé d'indignité nationale ...